Sarkozy "agressé", DSK "innocenté" : cela ne fait que commencer...

Publié le par Verdun

Divertir le peuple à tout prix :

 

Pour l'instant, il faut convenir que mes craintes se confirment : le pire est possible, même vraisemblable pour cette année électorale décisive qui commence bien tôt, et sur les chapeaux de roues !

 

Après l'annonce d'une grossesse présidentielle, et quelques autres nouvelles sans importance mais qui pourtant mobilisent l'ensemble des médias, nous voilà entraînés dans un rythme bien peu habituel en cette saisie caniculaire, où les nouvelles, les faits divers montés en épingle et les éditions spéciales se succèdent à un rythme de plus en plus rapide.

 

L'enjeu est suimple et pour l'instant rempli : il faut à tout prix confisquer le débat public, et empêcher que les vraies questions de fond ne soient discutées.

 

Il faut dire que les choix n'étant plus fait dans les instances démocratiques légitimes, mais dans d'autres cénacles de décision, il est important qu'ils ne soient pas remis en cause par des citoyens incompétents et manifestement incapables de voir que leur intérêt est de continuer çà se faire "tondre" et à sacrifier l'avenir de leurs enfants pour sauver les banques (et autre riches créanciers privés).

 

Et pour cela tout est bon.

 

Nous avons d'abord les "habituels" faits divers, certes dramatiques, mais qui n'en demeurent pas moins de simples "faits divers", malheureusement inéluctables dans une communauté de presque 70 millions d'habitants (d'ailleurs, qui pose la vraie question statistique de savoir si ces crimes atroces ne sont pas plutôt rares par rapport à l'ensemble de la population ou d'autres époques ? personne dans les médias "mainstream", même si les spécialistes sont unanimes à relever la baisse du nombre d'homicides en France, baisse d'autant plus remarquable que la délinquance violente augmente).

 

Je dis "habituels" non pas parce qu'il faut les accepter mais simplement car les faits divers ont une présence surdimensionnée dans les médias, alors même qu'ils ne sont pas représentatifs (et des exceptions ne sauraient normalement fonder une politique publique), mais parce qu' "on" nous a déjà fait le coup en 2007 et surtout en 2002 (souvenez-vous ces faits divers dramatiques qui ont fait l'ouverture des jorunaux TV à 3 jours du premier tour - et qui sont aujourd'hui classés sans suite dans un assourdissant silence...).

 

Et il est toujours désagréable de voir la ficelle de plus en plus grosse continuer à fonctionner à plein régime.

 

Maintenant, nous avons les flashs et éditions spéciales (3 en deux jours : les otages, "l'agression" du président et maintenant DSK innocenté) qui se mutliplient.

 

Or, rappelons que si d'un point de vue des principes ces affaires peuvent appeler commentaires et analyses, l'urgence est plutôt ce qui s'est passé sur la place Syntagma et dans d'autres lieux tenus soigneusement secrets, où se décident dans une opacité et une illégitimité la plus complète, l'avenir des peuples vivants dansx une démocratie en train de mourir.

 

Les vrais problèmes sont ailleurs :

 

Car finalement, que DSK soit coupable ou innocent importe moins que cela, dès lors qu'il est écarté de la course présidentielle (et du FMI - la désignation de Mme Lagarde est d'ailleurs complètement "démonétisée" ce matin, un comble pour le Directeur général du FMI !).

 

Ce qui compte, c'est de savoir comment nos dirigeants et les partis politiques qui briguent le pouvoir offrent comme politique pour sortir le système d'une contradiction majeure :

- il faut réduire la dette publique pour éviter aux créanciers privés de perdre de l'argent ;

- réduire la dette publique, suppose réduire la croissance et donc faire perdre de l'argent aux créanciers privés.

 

Ce tableau simplifié à l'extrême ne serait pas complet si l'on ajoute que lesdits créanciers privés ayant trop joué et trop perdu à des jeux spéculatifs dangereux, ne sont plus en état de pouvoir supporter des pertes, sauf si l'Etat s'endette pour les aider (impossible puisqu'il faut "réduire la dette").

 

Je ne vais pas ici reprendre les tenants et les aboutissants qui nous ont amenés dans cette situation, et la nécessité de sortir du cadre idéologique "classique" pour trouver les solutions (pourtant simples et connues). Je ne vais pas non plus développer le fait que selon moi, à ce jour, personne parmi les hommes (et les femmes) en mesure de conquérir et d'exercer efficacement le pouvoir (ce qui exclut donc pour l'instant le Front national), n'offre les capacvités intellectuelles de sortir de ce cadre idéologique.

 

Je pourrai aborder également une information passée inaperçue et pourtant symbolique :la prise en compte des fêtes religieuses juives par l'administration pour fixer les dates d'examen "au nom de la laÎcité" suivant une instruction officielle écrite du Ministre de l'intérieur Claude Guéant. C'est une nouvelle étape de la déconstruction du socle républicain au nom d'intérêts communautaristes qui passe inaperçue...

 

En revanche, mon propos est de bien distinguer les deux mécaniques implacables à l'oeuvre :

- un verrouillage médiatique sans précédent du débat, qui ne recule devant aucun mensonge ni aucune manipulation ;

- une distraction permanente des vraies questions, en appuyant notamment sur les plus bas instincts et les émotions les plus puissantes pour empêcher les gens de penser.

 

Ces mécaniques à l'oeuvre me rendent très pessimiste sur la suite, et ne permettent pas d'espérer une sortie de cette crise venant de l'intérieur d'un système déliquescent moralement et devenu fou. Pourtant, le niveau encore élevé des compensations accordées par ce système ne laisse pas préjuger d'une réaction salutaire dans un bref délai, et il faudra vraisemblablement attendre encore pour que la majorité des citoyens réagisse (si elle réagit un jour).

 

Enfin, DSK donc...

 

Je concluerai ce billet par quelques premières analyses sur le retournement de la situation de DSK.

 

D'abord, sa mort politique pour les élections présidentielles paraît difficile à contester, même si sa carrière n'est pas terminée et rien n'interdit donc de penser à un nouveau poste ministériel, voire Premier Ministre. Il est trop tard pour les primaires, et le doute insidieux le poursuivra encore longtemps, mais la vie politique montre qu'une "résurrection" est possible dès la fin de l'instance.

 

En ce 1er juillet, la situation reste donc largement favorable à Nicolas Sarkozy qui a vu sortir du champ le plus dangereux de ses adversaires.

 

Ensuite, la parole de DSK va avoir un poids important et va décider des primaires. Pour faire simple, s'il se déclare pour l'un des candidats, il lui apportera un soutien décisif.

 

Enfin, ce qui s'est passé est un de ces coups du sort dont l'histoire a le secret (souvenons-nous du coma brutal de Sharon au moment où il changeait de politique vis à vis des palestiniens), qui va largement influer sur le destin de notre pays et de l'Europe.

 

DSK aurait-il pu être l'homme qui sort du cadre idéologique pour enfin apporter des solutions pérennes à la Crise ? Je l'ai envisagé sans y croire trop. Dans tous les cas, une potentialité s'est refermée, et les souverainistes vont à nouveau se retrouver dispersés, enfermés dans une logique ultraminoritaire incompatible avec le mode de fonctionnement de la Vème République, et condamnés à la défaite en 2012.

 

Si la situation économique et sociale va encore évoluer (et de manière importante : l'alerte est rouge sur l'immobilier en France et cela va "tanguer" dès l'automne 2011), je ne vois rien changer avant fin 2012 et 2013.

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