Ce que cache le remaniement (1/2)

Publié le par Verdun

Alors que le Premier Ministre, François Fillon vient de remettre sa démission ainsi que celle de son gouvernement, rejouant pour la forme une comédie dont les ressorts sont grotesquement connus et maladroits, il n’est pas inintéressant de faire un point d’étape pour savoir à quoi désormais le pouvoir exécutif va s’employer, et surtout à quoi il ne va pas s’attaquer.

Instauré le 19 juin 2007, le gouvernement Fillon qui prend fin aujourd’hui a donc été d’une longévité intéressante. En effet, alors même que la plupart des autres Etats membres du G20 ont connu des changements de dirigeants depuis le début officiel de la crise systémique que nous vivons (2008), la France a bénéficié depuis 2007 d’une certaine constance dans les personnes qui exercèrent le pouvoir.

Cette constance doit être :

-          d’une part élargie à la période antérieure, puisque le parti politique du gouvernement (UMP) est au pouvoir depuis 2002 sans interruption, jouissant depuis cette date de la majorité absolue au Sénat, à l’Assemblée nationale, et au Conseil constitutionnel ;

-          et d’autre part relativisée car depuis sa désignation, le gouvernement dirigé par François Fillon a connu pas moins de 12 remaniements ce qui représente soit un record, soit un symptôme des hésitations, voire des errements du Président de la République.

Alors, si à l’heure où ce billet est écrit, les grandes lignes de ce nouveau gouvernement sont connues, une nouvelle désignation de François Fillon étant fort probable, l’objectif désormais poursuivi par le Président de la République est simple : reconquérir les suffrages des français lors des prochaines élections présidentielles de 2012.

Tout va donc être fait pour cela, et l’on ne reculera devant aucun sacrifice pour enrayer une chute permanente dans les sondages du chef de l’Etat.

Aux dernières nouvelles, Le Président aurait donc désavoué la stratégie engagée cet été (virage sécuritaire et stigmatisation extrême-droitière) pour tenter plutôt un retour à meilleur fortune par un virage dit « social ».

La question demeure, eu égard au contexte économique complexe et difficile, de la marge de manœuvre réelle dont pourra disposer un exécutif dont les discours provoquent aujourd’hui méfiance et incrédulité de la population.

En parallèle, le Président va poursuivre ses efforts désespérés pour se « présidentialiser », pour occuper pleinement sa fonction de Président, ce qui est bien le moins que l’on puisse espérer de quelqu’un qui est élu depuis 3 ans et demi.

Pour cela, l’organisation du G20 paraissait au départ un atout central. Le Président avait d’ailleurs manœuvré pour que la France l’obtienne opportunément dans l’année précédant les élections. Pourtant les échecs répétés des derniers G20, dont celui qui vient de se terminer, laissent aujourd’hui peu d’espoirs que la lumière vienne de ce coté-là.

Il est donc probable que dans les prochains mois, les annonces « sociales » se multiplient, sans que les annonceurs ne se soucient de l’efficacité desdites annonces, la stratégie de marketing politique du pouvoir en place étant bien rodée.

Pourtant, c’est entre la fin 2010 et 2012 qu’il y aurait beaucoup à faire, et que la catastrophe inéluctable qui se profile pourrait être évitée, ou au moins atténuée pour les populations de notre pays.

Envisageons donc brièvement parmi ces mesures indispensables, ce que ce nouveau gouvernement ne fera pas, entièrement mobilisé à la réélection de son Chef :

-          Le changement de stratégie politique européenne : en replaçant le plein emploi en priorité, l’Europe pourrait encore instaurer des protections à ses frontières, afin de conjurer la poursuite des pires effets du Libre-échangisme. Sachant que ses plus fanatiques défenseurs se trouvent aujourd’hui parmi l’administration européenne, il est évident qu’un tel changement nécessiterait des efforts et une puissance politique dont les dirigeants français sont incapables ;

-          La prise de mesures drastiques pour enrayer la crise systémique actuelle : ces mesures unilatérales sont multiples et urgentes (interdiction des paris sur les prix, mise sous contrôle stricte des marchés à termes, rétablissement de l’exception de jeu pour les marchés non contrôlés, taxation générale des produits du capital, rétablissement du lien direct entre Banque centrale et Etat, sortie de l’Euro…) ;

-          L’instauration d’une vraie politique de cohésion nationale, afin de contrebalancer la lente érosion de l’unité du pays, et de combattre par tous les moyens les poussées communautaristes (quelles qu’elles soient).

Le simple exposé de ces chantiers majeurs pour la survie de notre pays, tel qu’il nous a été légué par nos anciens, suffit pour que chacun se rende compte que 2011-2012 représentera un nouveau rendez-vous manqué entre nos élites politiques (le principal parti d’opposition étant tout aussi impuissant que le parti au pouvoir) et l’Histoire.

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