Donc il faudra une guerre...
Avant de poursuivre mes réflexions, un court éclairage sur la signification du discours des vœux présentés le 31 décembre 2010 au soir par Nicolas Sarkozy, en sa qualité de Président de la République, tels qu’ils sont exposés sur le site de l’Elysée.
Je ne développerai pas les habituelles affirmations démenties par les faits, ni la présentation la plus positive possible d’un bilan désastreux. Le discours présidentiel atteint à nouveau des niveaux extrêmes, au-dessus même de ceux que l’on croyait déjà indépassables, dans la mauvaise foi et la déconnection la réalité du quotidien des français.
En revanche, l’extrait suivant n’a pas manqué d’interpeller un certain nombre de chroniqueurs, par sa virulence et son originalité :
« Ne croyez pas, mes chers compatriotes ceux qui proposent que nous sortions de l'euro. L'isolement de la France serait une folie. La fin de l'euro serait la fin de l'Europe. Je m'opposerai de toutes mes forces à ce retour en arrière qui ferait fi de 60 ans de construction européenne qui ont apporté la paix et la fraternité sur notre continent. »
Au-delà de sa violence, cherchant à donner une image de fermeté et de résolution, le Président dévoile ici quelques éléments qui étaient jusque-là cachés, voire contestés par les européistes béats.
D’abord l’affirmation selon laquelle l’euro, c’est l’Europe, et que tout reniement de la monnaie unique implique nécessairement un reniement de la construction européenne. Ce raccourci amalgamant des choses différentes est l’ultime moyen de fermer, de refuser tout débat [i].
Mais cet amalgame signifie aussi que le symbole ultime de l’Europe telle qu’elle a été construite depuis l’Acte Unique, c’est l’argent, par le biais de son signe monétaire…
Faut-il que les européistes soient acculés pour dévoiler ce qu’ils cachaient jusque-là par tous les moyens ?
Et acculés, ils le sont aujourd’hui, au point de dire n’importe quoi (comme affirmer que la paix, toute relative, connue par l’Europe occidentale est due à la construction européenne), voire d’assumer ce qu’ils taisaient avant…
Acculés par les réalités sur lesquelles se brisent tous leurs plans, leurs bricolages tardifs et inefficaces qui ne leur servent de projet politique.
Le message est clairement énoncé : tout sera fait, à tout prix, pour sauver l’Euro, afin de faire mentir ceux qui affirment (et ils sont de plus en plus nombreux) que 2011 ne sera pas l’année de la fin de l’Euro. Il s’agit avant tout d’une réaction de crispation (dans la forme) s’enfermant aveuglément dans une logique niant la réalité.
L’Euro sera sauvé coûte que coûte, et à n’importe quel prix.
La question est donc de savoir combien de temps faudra-t-il pour que nos dirigeants réalisent le gouffre dans lequel ils plongent par leur crispation les peuples européens ?[ii]
Que faudra-t-il pour qu’ils ouvrent les yeux sur la réalité ?
La réponse est dans la phrase du Président, il faudra donc une guerre pour que le dernier argument, le plus contestable, tombe définitivement et que les européistes de tous poils ouvrent enfin les yeux sur le monstre qu’ils ont créé et qu’ils protègent encore envers et contre tous.
[i] Nous avions eu dans un autre registre mais suivant la même logique, le célèbre antisionisme = antisémitisme ;
[ii] La crispation des gouvernements français sur la parité du franc avec l’or après la crise de 1929 relevait déjà du même ordre, avant le sursaut salvateur du Front populaire (mais force est de constater qu’une telle alternance n’est pas envisageable à ce jour) ;